aparte # 3

Durant longtemps je n'ai pas vraiment aimé l'Inde. Surtout, je n'ai pas aimé la population indienne. Je les trouvais envahissants, bruyants, impolis, rustres, incultes.... Il n'y avait guère qu'avec l'architecture folle des villes, les temples et les sculptures magnifiques que je ressentais une forte résonance.

Il me fallut longtemps -deux mois-  pour absorber le choc culturel, commencer à faire abstraction de ce qui me heurtait pour commencer à me sentir en harmonie avec ce pays et sa population. Il me fallut quitter les parcours touristiques, quitter les villes transformées en parc d'attractions pour occidentaux comme Rishikesh,  Kochin ou Hampi (quoique la splendeur de ce dernier site vaille le détour.)

Il me fallut découvrir Haridwar, cette ville sacrée traversée par le Gange. Une des quatre grandes villes ( avec Allahabad, Ujjain et Nasik), ou prend place tout les douze ans le célèbre et gigantesque rassemblement de sannyasin et sadhu, nommé Kumbha Mela.  Haridwar fut véritablement mon premier coup de cœur, j'ai adoré y flâner dans son gigantesque marché, y déguster de savoureux lassis et autres sweets, dévorer de merveilleux thali à 25 roupies dans des petit dhaba ( petit restau populaire)...

J'ai découvert cette ville dans une atmosphère oscillant entre fête et guerre civile durant la célébrations de Diwali, la fête des lumières ( en fait, surtout des pétards et feux d'artifices), et ai été touché par le caractère souriant, accueillant, et surtout naturel de la population. Sans doute du fait de l'absence des touristes en cette ville. L'inde authentique et puissante, enfin...
Haridwar pour les visnuite, Hardwar pour les sivaites, qu'importe, je t'aime!




Je suis maintenant à Varanasi, et je dois dire que cette ville est surprenante.
Je l'ai très peu apprécié les premiers jours, il m'aura fallu une semaine pour commencer à en percevoir la puissance, l'énergie dévotionnelle qui y règne, admirer son architecture folle, aimer me perdre dans ses ruelles envahies par les vaches. Malgré les touristes, malgré les chiens agressifs dès la nuit tombée, malgré les commerçants et rikswaws sans cesse en train d'harceler le passant non indien, je commence à tomber sous le charme de cette cité sacrée, indéniablement  troublante et vivante...

L'Inde est folle, colorée, démesurée, bruyante, assourdissante. Éblouissante. L'Inde, terre d'extrême, folie de la vibration.
 
(image: http://www.trecom.fr/raag%20inde/Khumchotababa.jpg & http://tripp.in/wp-content/uploads/2010/01/kumbh-mela.jpg)

Kochin

Kochin m'apparait comme un lieu de repos confortable pour les nombreux touristes y séjournant. Avec ses larges rues propres et ordonnées, ses grandes maisons révélant l'aisance des propriétaires et ses restaurants vendant de la "Western continental food" à des prix cinq à dix fois supérieurs aux autres restaux indiens, cette riche ville portuaire me rappelle  par moment Pondichéry. De nombreux centres d'ayurveda y sont implantés, mais il s'agit, selon un ami connaisseur, "d'attrapes-touristes" à fuir, les seuls centres fiables dans les environs étant à Ernakullam.
http://www.zphoto.fr/pecheur_photo450058.html


 Hormis les bords de plages, où l'on peut observer les pêcheurs indiens manipuler d'imposants et surprenants filets mécaniques selon une méthode très ancienne basée sur le principe de la grue ( une lourde pierre fait office de lest, les hommes tirant sur les cordes pour remonter ou redescendre l'immense filet...), il y a cependant peu de monuments, temples ou lieux intéressants à visiter, et notre séjour dans cette ville aurait sans doute été de plus courte durée si nous n'avions pas découvert le "Kerala Kathakali center", dédié aux arts traditionnels indiens comme la danse, la musique et le kalaripayat (art martial du sud de l'Inde). Trois soirs de suite nous avons ainsi pu assister à deux concerts de musiques ( un mêlant tabla et sitar, un mêlant tabla et flûte) et un spectacle de danse en trois parties présentant 3 formes de danses traditionnelles: bharata natyam, mohiniyattam et kuchipudi. J'ai été particulièrement sensible à la  gestuelle des yeux et des mains des danseuses. Je me souviens notamment d'un passage où l'une des danseuse mimait le personnage d'Hanuman - le singe dévot de Rama dans le Râmâyana-  à la perfection, l'espace d'un instant, Hanuman fut réellement présent sur scène... Mais me contenter de parler des danseuses serait manquer de justice envers les autres artistes présents,tous ayant fait preuve d'une grande maîtrise,
J'ai cependant regretté la faible affluence des spectateurs, dans une ville ou les touristes ne manquent pourtant pas! Manque d’intérêt ou manque de communications? Les deux peut-être...

Le centre abritait par ailleurs un petit restaurant tenu par deux jeunes étudiants sympathiques et visiblement très heureux de notre présence ( Logique vu que nous étions leur seuls clients!)
Ophelia sympathisa avec eux et l'un d'eux nous invita même à son anniversaire dans le domicile familial, le dernier soir avant notre départ pour Mangalore ( train de nuit). Très naïvement j'imaginais un anniversaire presque à l'européenne, plutôt entre ami avec musique à fond... Autant dire de suite que cela fut très différent!

Après avoir croisé par hasard notre jeune hôte,  nous le suivîmes dans un dédale de petite ruelle menant a la maison familiale. Au moment d'arriver devant le portail, j'aperçus un homme visiblement très malade (maladie de peaux dont j'ignore tout...), qui nous voyant arriver, se réfugia dans une pièce à part de la maison dans laquelle il resta enfermé toute la soirée. Contrairement à la vie publique,  les maladies et handicaps ne se montre pas aussi facilement dans le domaine privée... Pénétrant dans la petite cour, nous fumes accueilli par les parents et les sœurs, le seul ami présent étant l'autre jeune serveur du restaurant. La maison était visiblement constituée de 3 ou 4 petites pièces, toutes presque vides à l'exception du salon, dans lequel se trouvait une télé, une petite table à manger et trois chaises, les murs étant ornés de photos et posters de diverses figures religieuses chrétiennes, ainsi que d'un portrait du pape Benoit XVI parée de fleurs et lumière fluo très kitch. Typiquement indien!
Famille Chrétienne donc, plus pratiquante sans doute que bien des européens!

Le moment du repas fut pour nous une expérience déroutante, ils nous installèrent tout les trois à tables ( eux restant debout) et après nous avoir fait boire un bon litre de bière ( les jeunes indiens adorent la bière), ils nous servirent un copieux thali sur des feuilles de palmes. Ils insistèrent pour que nous mangions tandis qu'ils restaient debout devant nous, observant nos réactions et appréciations.... Autant dire que nous n’étions guère à l'aise, craignant de faire des gaffes par ignorance de leur coutumes!
Vint ensuite le gâteau que nous mangeâmes tous ensemble cette fois, puis, après avoir chanté leur versions du "bon anniversaire", nous priment une photos de groupe, après les avoirs assurés que nous nous souviendrions toujours de cette soirée. Leur désir de laisser une trace positive dans notre mémoire était vraiment palpable, j'ai souvent eu cette impression que les indiens accorde une grande importance à l'image qu'ils laissent dans la mémoire de leur hôte, ainsi que de leur envie constante d’être pris en photo dans tout les lieux qu''ils visitent. Peut-être est ce pour eux une manière de survivre au-delà de la mort?

Les ayant quittés, nous retournâmes quelques instants dans le restaurant de nos jeunes hôtes pour un cay, avant de prendre le train de nuit à destination de Mangalore.

Allepey


A 3h30 du matin, nous posons enfin pieds sur le sol de la gare d'Allepey. 
Malgré l'heure, le lieu est encore animé par les allées et venues des voyageurs. Certains dorment sur le quai et dans le hall... Quelques rikshaws attendent dehors, le toit revêtu d'une bâche en plastique mouillée qui semble indiquer un temps pluvieux. De fait, le sol est trempé, l'air chaud et humide. Si nous avions échappé à la mousson jusque là, il semble bien qu'elle nous attendait patiemment au Kerala!
Légère tension entre Julie et moi au moment de choisir l’hôtel où passer la nuit, j'ai repéré dans le guide lonely planet (ironiquement appelé par les indiens la "bible" -des voyageurs-) une guest house apparemment confortable à 350 roupies, Julie une plus basique à 250. Pour une fois je modère mon tempérament dictatorial et lui laisse le dernier mot... Nous ayant déposé devant l’entrée d'une lodge d'apparence rustique, le rikshaw réveille le malheureux gérant, qui nous attribut rapidement une chambre. Enfin une chambre, une cellule de prison plutôt!  Pas de salle de bain, une pièce sale de 12 m2 et deux lits très sommaires... Ajoutons à cela la faune locale: une grosse araignée, visiblement très bien nourrie par les dizaines de moustiques hantant les lieux, ainsi que d’énormément cafards se baladant dans la salle de bain commune. Que de réjouissances!
Pris d'un éclair de génie, je commence par rendre l'air irrespirable en bombardant la pièce de spray antimoustiques, et réclame ensuite un 3e matelas pour dormir par terre.
Ambiance tendue dans la chambre, Ophelia et moi étant remontés contre Julie à l’idée d'avoir économisé 33 roupis chacun pour se retrouver dans un tel taudis...
Pris d'une crise de parano, la saleté de mon matelas me fait craindre de choper la gale, et c'est recouvert de ma moustiquaire que je m'endors... En priant que ce ne soit pas mon linceul.
Me réveillant tôt le lendemain matin, je profite du sommeil des filles pour explorer la ville à la recherche d'une poste et d'un point internet. L’air est déjà très chaud et moite, les rues, sales, boueuses et couvertes de flaques d’eaux, me semblent complètement dénuées de charme. Le premier aperçu de la ville n’est guère positif… A mon retour nous plions bagages et nous rendons à la guest house qui avait attirée mon attention dans la “bible”.
Les lieux se révèlent agréables, le personnel accueillant et le prix de la chambre correcte, soulagés, nous pouvons enfin nous poser! Le propriétaire nous propose également ses services de ballades en houseboat. Je suis –par principe…- méfiant au départ mais le bateau qu’il nous montre en photo semble vraiment confortable, voir luxueux . Il pourrait bien sur s’agir d’une arnaque, mais le proprio me semble honnête… Espérant avoir une bonne intuition je demande leur aval aux filles, Julie est ok d’emblée, Ophelia hésite, puis fini par se laisser tenter, après tout ce n’est sans doute pas une expérience que nous aurons l’occasion de revivre souvent!
L’après midi nous flânons dans la ville, chacun de notre cote. J’erre le long de la rivière, de nombreuses petites embarcations en bois sont amarrées aux berges, ambiance paisible et bucolique… Le soir, sur la terrasse de l’hôtel, nous faisons  connaissance avec deux voyageurs anglais accompagné d’un jeune indien sikh de notre âge, rencontre au cours de leur trajet. Revenant d’une ballade en barques dans les lagunes, ils ont fait le régal des moustiques, leur jambes particulièrement sont couvertes de gros points rouges… Un avertissement pour notre ballade a venir!
Le lendemain matin nous embarquons donc à bord d’un de ces fameux “houseboat”, dirigé par deux “marins” keralais ne parlant presque pas un mot d’anglais mais au tempérament très accueillant. Les lieux sont tels que les photos le montraient, voir même encore plus luxueux. Très agréablement surpris, nous nous laissons porter par le rythme paisible et fluide du bateau. Les backwaters se présentent comme un immense lac dans lequel se jettent de nombreuses petites rivières. Sur les brins de terres qui cernent les lieux se trouvent quelques habitations, commerce, ainsi qu’une école et un temple / église ( vestige de la présence des portugais ou des anglais sans doute).
De nombreux indiens se baladent sur les berges, certains s’y lavent ou y font leur lessive, frappant avec force les vêtements contre les pierres, selon une méthode qui n’a sans doute guère change depuis des siècles, voir des millénaires…
Ces paysages évoquent immanquablement l’image d’une Venise égarée au cœur de la foret vierge, dérivant lentement sur le fleuve amazone. Par moment cela me rappel également une lointaine ballade sur les eaux du Nil…
Aucune autre occupations que de se laisser bercer par les vagues, savourant l’écoulement du temps "perdu" à ne rien faire, a ne rien être. Le soir nous posons l’ancre au milieux des lagunes, près d’un brin de terre. Comme pour le midi, le repas préparé par le capitaine et son acolyte se révèlent particulièrement savoureux et très - trop!- copieux. La nuit noire recouvrant le lac des 6h du soir modifie la perception du temps, 20h me semble être comme 00h!  Me dirigeant donc assez tôt vers le lit, j'aperçois les deux keralais dormant dans la cuisine, à même le sol. Ophelia est choquée, gênée par ce qu’elle perçoit comme une condition misérable, elle hésite à leur proposer de dormir sur les canapés du salon. Pour ma part je ne sais trop quoi penser, je m’attendais également à ce qu’ils dorment dans le salon ou à l’étage, mais j’ai si souvent vu dormir des indiens à même le sol, dans les lieux les plus inconfortables et incongrus imaginables, que je me demande si ce n’est pas pas finalement nous qui tendons à tout dramatiser, trop habitué au confort occidental, à percevoir notre mode de vie comme le plus désirable et juste qui soit.
Quoiqu’il en soit, les ronflements qui résonne de la cuisine indiquent que nos hôtes dorment déjà à poing fermés, tandis que nous perdons vainement notre temps dans nos monologues intérieurs.
Les filles tentent de regarder la télé, mais l'écran refuse d'afficher la moindre image. Alors que je m’apprête à sombrer dans le royaume de Morphé, j’entends soudain des cris d’effroi venant du salon. Intrigué je rejoins les filles… Fausse alerte! Il s’agissait d’une chauve souris – énorme selon elle - qui, étant attirée par la lumière, avait fait un bref passage dans le salon…. Assez amusé par leurs cris stridents, je retournais dans ma chambre et m'endormis, porté par le balancement des vagues.

Dès l’apparition des premiers rayons du soleil matinal, le bateau se remet en route vers le port, rejoignant en chemin de nombreux autres houseboats. L’apparence de ces embarcations me rappellent les Omu- ces étranges insectes limaces présent dans Naussicaa de Myazaki- j’observe amusé ce spectacle comme si j’assistais à une migration de limaces géantes glissant sur les eaux.
Rendu à terre, nous rejoignons le rikshaw réservé la veille pour nous rendre à la gare routière, afin de prendre le bus pour Kochin, grande ville portuaire et touristique à une heure de route d’Allepey. Le trajet se déroule sans encombre jusqu’a Ernakullam, ville voisine de kochin… marquant également l’arret final du bus! Fort Kochin se situe au bout d’une péninsule donnant sur la mer arabe, pour la rejoindre depuis ernakullam, le plus rapide est de traverser par bateau… L’idée est plutôt réjouissante au premier abord, mais nous déchantons vite au moment d’entrer dans le hall de réservation du port, qui se révèle particulièrement bondé! Une immense queue formant un S commence dès les portes d’entrées… A vue d’œil nous sommes bon pour deux heures d’attentes dans la foule indienne! Dépités nous sortons nous poser sur le quai pour chercher un plan de secours. Le trajet en bus semble ingérable : 1h dans un bus public. Le taxi, plus confortable, met cependant la même durée et se révèle très cher…Julie se propose de commencer la file d’attente et de venir la relayer ensuite. Cette initiative nous porta chance, il y avait en fait une file réservée aux femmes, et de ce fait presque vide, les femmes sortant beaucoup moins que les hommes… Nous embarquons donc dans la navette, sous les regards intrigués des indiens. Le trajet est court (20 minutes), en chemin nous croisons de nombreux et imposants bateaux de commerces et navettes militaires, ainsi qu’une improbable navette touristique avec une proue en tête de cygne et les flancs arrières parés d’ailes blanches.

C’est finalement en début d’après-midi que nous posons pieds sur le sol très touristique de fort Kochin.

here & now, nowhere.

"L'émerveillement est comme un bond de l'âme qui unifie soudain l'être entier et le plonge dans un recueillement spontané. Sans ces instants de grâce où l'apparence cède à la transparence, toute pratique, tout acte artistique, rituel... resteraient à la surface d'eux-mêmes, laissant la plupart des hommes enfermés dans leur corps mortel comme l'escargot dans sa coquille, enroulés dans leurs obsessions à la manière des hérissons, modelant sur eux-mêmes leur idée du Dieu bienheureux. "

Colette Poggi, suivi d'une citation de Clément d'Alexandrie, dans sa préface du nouveau livre d'Eric Baret : Corps de Silence.
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Miam!
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Madurai-Allepey by train.

 Après une brève attente, le train arrive enfin à quai. Emporté par le mouvement de la foule - en Inde comme en France, la logique de "laisser descendre avant de monter" est inconnue des usagers- nous nous précipitons dans la rame et trouvons, miracle, trois place assises. Mais très vite, deux indiens arrivent et nous demande de leur laisser les sièges... Leurs sièges en fait comme en attestent les numéros inscrits sur leur billets. C'est à ce moment là que nous réalisons que le guichetier nous a vendu des billets sans réservations, en placement libre (ce qui, en Inde, signifie rester debout durant tout le trajet tant il est rare d'avoir des places vides...)
Nous nous retrouvons donc debout dans le couloir, un peu inquiet à l'idée de devoir rester ici durant tout le voyage...
Assez rapidement cependant, un cinquantenaire sympathique me propose de s'asseoir à cote de lui. Je refuse poliment dans un premier temps et propose la place aux filles -Oui, quel gentleman je suis!- mais l'homme semble insister pour que ce soit moi -et non les filles- qui s'assoit en premier. (Oui, la politesse indienne est bien différente de la notre). Il m'explique qu'en monnayant avec le contrôleur nous pourrons sans doute avoir trois places, voir même, avec beaucoup de chance, un lit en sleeper class.

Détail amusant -en y repensant...- nous n'avions même pas pensé à demander la durée du trajet ou l'heure d'arrivée supposée. En fait nous ne connaissions même pas le parcours du train, nous savions juste qu'il marquait l'arrêt à Kochi et Allapuzzha, et cela nous avait suffit... Leçon du jour: en Inde la naïveté se paie très souvent au prix fort: nous apprenons donc que le train ne coupe pas du tout a travers les montagnes du sud de l'Inde, comme nous le supposions, mais redescend jusqu'à la pointe de Kanyakumari puis remonte la côte, ce qui nous fais donc plus de 10h de trajet. Un rapide et facile calcul nous fais donc -cruellement- réaliser que nous arriverons au mieux entre 2 et 3h du matin...
Ceci dit, moyennant un bonus de 50 roupies, le contrôleur nous donna trois sièges ( ou plutôt vira d'autres personnes assises là pour nous donner leur places, ce qui ne manqua pas de nous mettre mal a l'aise...). Nous voici donc installés au milieu d'un groupe de jeune indiens ( entre 20 et 30 ans), visiblement très intrigues par notre présence dans le wagon. Certains se firent une joie de converser avec nous durant une grande partie du trajet, et finalement, entre 17h et 23h  je ne vis pas le temps passer... J'eus un certain succès lorsque j'entrepris de lire mon "teach yourself hindi", une fois de plus les indiens apprécièrent beaucoup le fait que l'on tente de s'initier à leur langue et culture. Mon voisin, un trentenaire originaire de Delhi, me gratifia même d'une courte conversation en hindi, avant de revenir à l'anglais (il compris assez vite que j'étais vraiment débutant!).

Malgré toute la bonne volonté et sympathie des indiens, les trois dernières heures parurent vraiment longues et inconfortables (impossible de dormir sur ces sièges en bois- les indiens y arrivent très bien, mais pour nous, pauvres petits occidentaux habitués à notre confort, cela relèvent du challenge!- Sans compter qu'à chaque arrêt que marquait le train je sortais de mon demi sommeil en guettant avec un peu d'inquiétude le quai, espérant ne pas louper notre station... Entre rêve éveillé et demi sommeil, je finis par perdre peu à peu le sens de la réalité, et me laissa porter par le rythme étrange de ce trajet ferroviaire...  Une seconde, une minute ou une heure, un voyage en train est parfois un bon moyen pour s'initier à la relativité du continuum espace-temps!

C'est finalement à 3h30 du matin que le train nous déposa à la gare d'Allepey/Allapuzha.