Thanjavur

Nous étant réveillés assez tard, notre seule occupation de la matinée fut d'aller déjeuner dans un restau vegétarien -honnête et bon marché- près de la gare ferroviaire, agrémenter de quelques "sweet" achetés dans une pâtisserie indienne. (Thanjavur est célèbre pour ses "sweet" semble t-il)
C'est donc en début d'après midi que nous nous mettons en chemin pour le célèbre brihadisvhara temple de Thanjavur, construit sous le règne de  Rajaraja (985-1012 AD) et considéré comme un chef-d'oeuvre de l'architecture Chola.
En chemin, nous croisons des ouvriers en train de couler du bitume pour rénover la chaussée. L'odeur qui s'en dégage agresse fortement les narines et les yeux, laissant supposer une très forte toxicité des produits utilisés... Malgré tout, les ouvriers travaillent sans gants ni masque respiratoire. Ignorance du danger ou simple indifférence?
Non loin de la, sur le trottoir, un homme dort allongé à même le sol, indiffèrent à l'odeur et aux bruits de la circulation. J'ai beau croisé des dizaines d'indiens dormant dans les lieux et dans des positions les plus improbables, les capacités d'abstraction des indiens ne cessent de me surprendre. Non que cela me choque, au fond j'aimerais être capable de m'endormir aussi facilement n'importe où!
Je ne pense pas qu'il s'agisse toujours de "sdf", j'ai parfois vu des gérants d’hôtel s'installer devant leur hall d'accueil pour dormir sur une planche en bois... Après tout, pourquoi pas, il est vrai que les nuits sont chaudes dans la majeure partie de l'Inde!

Visite du brhadisvara temple

L'arrivée devant l'entrée du temple est déjà un spectacle en soi, l'immense porte d'entrée est surmontée  de nombreuses sculptures représentant diverses divinités et personnages mythologiques (et en regardant bien, cachés dans un recoin de la tour, on peut même apercevoir deux couples s'adonnant à des pratiques fort impudiques ;)
Comme la plupart des temples anciens, la peinture qui ornait les sculptures à l'origine a disparu, il ne reste donc que la couleur de la pierre brute, de couleur ocre. A noter au passage que comme pour tout les lieux sacrés indiens, on ne peut y pénétrer que pieds nu, détail insignifiant la plupart du temps, hormis dans les temples à ciel ouvert comme celui ci, la température du sol devenant, sous l'impact du soleil, très élevée... sans doute est ce une préparation pour apprendre à marcher sur les braises!

L'enceinte rectangulaire abrite un temple principal aux dimensions imposantes, autour duquel sont dispersés trois autres plus petits, mais néanmoins tout autant dignes d'être contemplés.
Les sculptures et gravures qui les ornent sont d'une grande finesse, sans atteindre la splendeur des temples d'Halebidu et Beluru toutefois (j'y reviendrais bientôt).
Dans les couloirs longeant les murs d'enceintes se trouvent des petites cellules abritant des sculpture de diverses divinités, ainsi qu'un grand nombre de lingam, tous parés de divers attributs, ornements et bougies indiquant qu'un culte leur fut rendu durant la journée.

En visitant un des petits temples annexes, j'entends les brahmanes faire sonner les cloches annonçant la puja (cérémonie rituelle). Dans la cella, après l'avoir ornée de multiples marques de pigments et fleurs, les brahmanes éveillent la divinité en faisant passer une flamme devant elle... Témoin de cette scène, je me sentais un peu comme un intrus, comme si le fait de regarder la réalisation d'un acte dévotionnel, sacre, sans y participer également relevait d'une forme de sacrilège ou d'offense... Je me contentais donc d'observer de loin, ne sachant quelle attitude adopter sur le moment.
En sortant du temple, j’aperçois derrière le mur d'enceinte un éléphant enfermé dans une cage, une patte solidement attachée à un piquet au sol. Ne pouvant que rester sur place, l'imposant pachyderme se balançait de droite à gauche, comme pris dans une danse hypnotique et répetitive. Je ressentis une forme de tristesse à la vue de cet animal enfermé dans sa cage, exposé ici comme une bête de cirque...


Le Museum de Thanjavur.

Ayant laisse derrière nous le temple, nous nous rendons au très beau musée de Thanjavur, où de nombreuses sculptures en pierre et en bronze sont exposées. La section des bronzes tout particulièrement abrite quelques magnifiques chef d’œuvre. Ces sculptures sont exposées dans trois salles différentes ayant chacune une thématique dans la façon de grouper les divinités... Une première salle abrite des couples de divinités, une seconde de nombreuses et très belles sculptures de Ganesha ( nomme ici vinayagar), de la déesse Parvati ( épouse de Shiva) dont une représentation de Thiruvelukkudi m'a particulièrement touchée, tout en fluidité et élégance, courbes et poitrines généreuses comme il est d'usage dans la statuaire indienne, mais ici avec une finesse et un réalisme assez émouvant. Enfin plusieurs représentations d'un petit personnage dansant sur un pied nomme Thirugasambandar. Il me semble impossible de décrire la beauté de ces sculptures autrement que par un poème, n'ayant pas cette qualité je ne peux que les nommer... En tout cas ce sont vraiment des pièces d'une grande finesse!
Dans la dernière salle sont exposées de nombreuses représentations de shiva natesha (ou  nataraja, bien que cette dernière dénomination soit impropre: bien plus qu'un simple roi -raja- Shiva est bien le Seigneur de la danse "nata-isha"), parmi toute les représentations de divinités, shiva natesha est sans doute une des formes les plus célèbres en occident ( avec ganesha), le nom ne vous dit rien? mais si, ce personnage à quatre bras, dansant sur un pied et entouré d'un cercle de feu... bon voici quelques images pour vous rafraichir la mémoire:






















Et pour le fun, un deuxième expose au musee guimet. Enfin, comme je vous sais avide de lecture, voici un article de références sur les sculptures indiennes dans leur rapport au temps et au mouvement : Un cinema solide, par Paul Mus.

 La plupart des pièces datent du 11e siecles, hormis une curieuse variation d'un Natesha du (17/18e siecle), dote de 8 bras et d'autant d'attributs, dans une position tres inhabituelle ( jambe droite derriere la tete..)

Au final, cette visite fut aussi -encore- l'occasion de confirmer la nature tres curieuses des indiens: il suffit de sortir un carnet pour ecrire ou faire des croquis pour etre aussitot entoure d'une dizaine d'indiens observant la feuille!

Une sortie manquee au cinema

En fin de journée Julie et Ophelia sont prises d'une envie de Bollywood, et se rendent donc au cinema de Thanjavur ou 6 film en tamil sont programmés. Ayant pas mal de temps d'avance, j'en profite pour passer au cyber cafe avant de les rejoindre. L'heure venue je me rends donc au cinema et les retrouve devant le guichet l'air bien dépitée: tous les autres spectateurs présents sont des hommes, jeunes -entre 17 et 30 ans à vue d'oeil-, et ces derniers ne manquent évidement pas de les devisager ostensiblement... Evidement, ce sont les seules filles présentes et qui plus est, des occidentales! Inquiètes à l'idée d'être accostées voir tripotées pendant le film, elles renoncent finalement à la séance. 
Vu l'heure tardive -21h, tardif pour l'Inde- nous reprenons donc le chemin pour la chambre d'hotel...

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