Une escale à Pondicherry

L'escale à Pondicherry relève un peu de l'accident de parcours, nous n'avions pas prévu de nous y arrêter,  mais les circonstances ont fait que cette ville s'est imposée malgré tout, me rappelant au passage que vouloir absolument maitriser le cours des évenements relève souvent d'une folle et absurde prétention, en Inde encore plus qu'ailleurs!
Avant même d'y être arrivé, je souhaitais déjà repartir de ce que je considère - à tort ou à raison- n’être qu'une ancienne ville coloniale sans réelle saveur...
Cet état d'esprit n'est évidement pas propice à la découverte d'un lieu, pas plus qu'il ne l'est pour les relations humaines...
Cependant, il reste de ce court séjour deux anecdotes sympathiques à raconter...


1/ Le marche de Pondicherry

Perdu dans le cœur de la ville, le marche de Pondicherry est un immense labyrinthe carrée délimité par 4 murs disposant chacun d'un portail d’entrée, devant lequel s'entassent des montagnes de fruits, légumes et autres produits rejetés par le marche.
Il se dégage des fruits pourrissant aux soleil une odeur légèrement alcoolisée, qui, mélangée à celles des autres détritus, révèlent aux passants un bien surprenant parfum.

Pénétrer dans ce marché, c'est se perdre dans un immense labyrinthe d’épices, de fruits et légumes, de fleurs -destinées aux rituels- et de poissons; le tout étant étalé sur les planches en bois des stands, souvent couvertes de feuilles de palmier ou de cocotier.
Les allées et voies de passages sont étroites, et l'on se demande si les échoppes ont été agencées en fonction du chemin, ou si c'est à l'inverse le chemin qui s'est créé autour des stands!
Une faible lumière filtre entre les toits en bois ou tôle des échoppes, et c'est donc dans une atmosphère presque tamisée que le badauds se frayent un chemin.
Le lieu est sans doute bruyant, mais ce qui me revient en mémoire reste cette multiplicité, ce festival d'odeurs et de couleurs sollicitant, parfois à l’excès, les sens des passants.


2/ La gare routière ( aka: une journée en enfer!)


Après renseignement à l'office de tourisme , il semble possible de rejoindre Thanjavur par bus en partant en fin d’après midi. Rassurés, nous nous dirigeons donc vers la gare, espérant -très naïvement- avoir le bus annoncé à 17h.
Mais nous n'avions évidement pas connaissance de l'incroyable chaos de la gare routière de Pondicherry!
Dans cet immense parking se croisent des dizaines ( centaines?) de bus tentant -à grand coup de klaxon- de se frayer un chemin parmi leur congénères. Arriver dans cette gare, c'est un peu comme assister à un gigantesque opera-ballet dansant créé par un compositeur fou (ou sous acide), dans la plus pure tradition de l'art contemporain. Autrement dit : le non-initié ne peut définitivement rien y comprendre.

Toutes les indications- lorsqu'il y en a, sont rédigées en tamil, et donc incompréhensibles pour les non locuteurs...
Il nous reste donc à interroger patiemment le personnel de la gare, contrôleurs et conducteurs... Et c'est à partir de là que le chaotique mais sympathique ballet-opéra devient un véritable casse tête infernal, qui n'est pas sans rappeler "la maison qui rend fou" dans Les douzes travaux d'Asterix...
Car si les indiens répondent presque toujours lorsqu'on leur pose une question, cela ne signifie pas que l'indication donnée soit juste! Non pas qu'ils veuillent dernièrement nous induire en erreur, simplement, je pense qu'ils préfèrent répondre n'importe quoi plutôt que de dire "je ne sais pas", peut être est ce aussi par politesse, afin de ne pas nous contrarier?
Quoiqu'il en soit, à une question aussi basique que "y a t-il un bus pour Thanjavur, à quelle heure part-il?" nous aurons presque autant de réponses différentes que de personnes interrogées!
En une heure de recherches désespérées, j'ai ainsi pu entendre:

"Il n'y a pas de bus pour Thanjavur."
"Il part dans 30 minute voie 1"
"Il part dans 1h30 voie 7"
"Il n'y a pas de direct, prenez le bus pour Cidambaram, puis de là, faites la correspondance pour Thanjavur"

Chaque personnes répondant avec la même assurance, il est difficile de savoir à qui se fier... La méthode la plus fiable me semble finalement d'interroger un grand nombre de personnes et de se fier à la réponse la plus fréquente.
Finalement, âpres 2h30 à attendre un bus inexistant, nous nous résignons à prendre le bus pour Cidambaram, espérant avoir la connexion pour Thanjavur...

Nous quittons donc Pondicherry vers 19h, assis tout à l’arrière d'un bus surchargé et au confort très rudimentaire, si besoin est de le préciser! ( mais au moins avons nous la chance d’être assis.)
Malgré la nuit noire qui règne sur la route -aucun autre éclairage que ceux des véhicules-
le bus roule particulièrement vite ce soir la, klaxonnant à tout va pour sommer aux autres véhicules de s’écarter de son chemin... Sur les routes indiennes comme dans toute la société en générale, la conscience de la hiérarchie est très bien ancrée, c'est le plus fort ou imposant qui gagne!
Les nombreux nids de poules qui parsèment la route nous font faire des sauts qui nous décollent de nos sièges. Enfin je dis "nid de poules", mais c'est souvent plus proches de la crevasse d'obus au fond...
Une terrible et insupportable envie d'uriner me prend sur la dernière heure du trajet, pression insoutenable qui me fait envisager les solutions les plus absurdes pour ne pas me pisser dessus ( pisser par la porte arrière du bus, par la fenêtre ou dans une bouteille d'eau au milieu des passagers...) Une once de fierté me retint, mais j’étais très prés de céder lorsque le miracle se produisit: le bus s’arrête enfin dans la gare de Cidambaram, et juste en face d'un urinoir public! Je n'ose parler de libération ou d'extase lorsque je pu enfin me soulager, mais toujours est il que depuis j'ai appris à prendre mes précautions avant de prendre un bus long trajet...
Les miracles s’enchainèrent ce soir la: malgré l'heure tardive ( 22h30 à Cidambaram) il y avait bien un bus pour Thanjavur! C'est finalement vers 1h30 que nous arrivâmes enfin dans la gare quasi déserte de Thanjavur. Une gare désertique en Inde, c'est très rare... Avisant la place d'un coup d’œil circulaire, une inquiétude me prit: aucun rickswaw à l'horizon, hors nous sommes très à la périphérie de la ville, impossible de rejoindre un hôtel a pied!

Mais la chance fut définitivement de notre cote ce soir là. Un ricksaw fini par traverser la place pour déposer des passagers. Courant à sa rencontre, nous acceptons sans broncher les 100 roupis demandés pour la course, guère d'autre choix... ( et puis au fond la gare était vraiment loin du centre ville).
Le rikshaw nous déposa finalement à deux heures du matin dans un hôtel du centre ville,  prés de la gare ferroviaire. Dernier miracle de la soirée, le personnel de l’hôtel dormait derrière le comptoir, et put donc nous ouvrir et nous louer une chambre pour trois, très sale peu luxueuse et plutôt cher, mais qu'importe âpres ce périple, nous étions bien trop heureux de pouvoir nous effondrer dans un lit!

3 commentaires:

  1. Bien lu Niels.
    Bises, de nous deux
    Eric et Manuel.

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  2. oups sorry sarvatma j ai delete ton commentaire par erreur, si tu veux le reecrire je le validerais ensuite...

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  3. Merci encore Niels pour tous tes très beaux articles qui souvent ne manquent pas de nous faire sourire, même rire.
    Nous pensons très fort à toi et veillons sur toi affectueusement.
    Eric et Manuel.

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