Madurai-Allepey by train.

 Après une brève attente, le train arrive enfin à quai. Emporté par le mouvement de la foule - en Inde comme en France, la logique de "laisser descendre avant de monter" est inconnue des usagers- nous nous précipitons dans la rame et trouvons, miracle, trois place assises. Mais très vite, deux indiens arrivent et nous demande de leur laisser les sièges... Leurs sièges en fait comme en attestent les numéros inscrits sur leur billets. C'est à ce moment là que nous réalisons que le guichetier nous a vendu des billets sans réservations, en placement libre (ce qui, en Inde, signifie rester debout durant tout le trajet tant il est rare d'avoir des places vides...)
Nous nous retrouvons donc debout dans le couloir, un peu inquiet à l'idée de devoir rester ici durant tout le voyage...
Assez rapidement cependant, un cinquantenaire sympathique me propose de s'asseoir à cote de lui. Je refuse poliment dans un premier temps et propose la place aux filles -Oui, quel gentleman je suis!- mais l'homme semble insister pour que ce soit moi -et non les filles- qui s'assoit en premier. (Oui, la politesse indienne est bien différente de la notre). Il m'explique qu'en monnayant avec le contrôleur nous pourrons sans doute avoir trois places, voir même, avec beaucoup de chance, un lit en sleeper class.

Détail amusant -en y repensant...- nous n'avions même pas pensé à demander la durée du trajet ou l'heure d'arrivée supposée. En fait nous ne connaissions même pas le parcours du train, nous savions juste qu'il marquait l'arrêt à Kochi et Allapuzzha, et cela nous avait suffit... Leçon du jour: en Inde la naïveté se paie très souvent au prix fort: nous apprenons donc que le train ne coupe pas du tout a travers les montagnes du sud de l'Inde, comme nous le supposions, mais redescend jusqu'à la pointe de Kanyakumari puis remonte la côte, ce qui nous fais donc plus de 10h de trajet. Un rapide et facile calcul nous fais donc -cruellement- réaliser que nous arriverons au mieux entre 2 et 3h du matin...
Ceci dit, moyennant un bonus de 50 roupies, le contrôleur nous donna trois sièges ( ou plutôt vira d'autres personnes assises là pour nous donner leur places, ce qui ne manqua pas de nous mettre mal a l'aise...). Nous voici donc installés au milieu d'un groupe de jeune indiens ( entre 20 et 30 ans), visiblement très intrigues par notre présence dans le wagon. Certains se firent une joie de converser avec nous durant une grande partie du trajet, et finalement, entre 17h et 23h  je ne vis pas le temps passer... J'eus un certain succès lorsque j'entrepris de lire mon "teach yourself hindi", une fois de plus les indiens apprécièrent beaucoup le fait que l'on tente de s'initier à leur langue et culture. Mon voisin, un trentenaire originaire de Delhi, me gratifia même d'une courte conversation en hindi, avant de revenir à l'anglais (il compris assez vite que j'étais vraiment débutant!).

Malgré toute la bonne volonté et sympathie des indiens, les trois dernières heures parurent vraiment longues et inconfortables (impossible de dormir sur ces sièges en bois- les indiens y arrivent très bien, mais pour nous, pauvres petits occidentaux habitués à notre confort, cela relèvent du challenge!- Sans compter qu'à chaque arrêt que marquait le train je sortais de mon demi sommeil en guettant avec un peu d'inquiétude le quai, espérant ne pas louper notre station... Entre rêve éveillé et demi sommeil, je finis par perdre peu à peu le sens de la réalité, et me laissa porter par le rythme étrange de ce trajet ferroviaire...  Une seconde, une minute ou une heure, un voyage en train est parfois un bon moyen pour s'initier à la relativité du continuum espace-temps!

C'est finalement à 3h30 du matin que le train nous déposa à la gare d'Allepey/Allapuzha.

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